De la valise au carton

Ça doit être un truc de modasse, je suis nulle en préparation de valise.

Plus que nulle, en fait: je suis une angoissée de la valise.

J'oscille toujours entre deux tendances. Peur d'oublier l'essentiel mais d'être trop chargée, de viser à côté niveau températures mais de prendre trop de "sweats-au-cas-où", de favoriser le confort mais d'en oublier l'esthétique, de regretter d'avoir laissé tel truc mais de regretter d'avoir à traîner deux tonnes jusqu'à l'aéroport.

Trônant au-dessus de ce paquet d'appréhension, la menace ultime du diabolique "supplément bagages", persistant tout le long du séjour puisque sa probabilité s'accroît pour le trajet retour.

Jusqu'à maintenant, je construisais en pensée mon bagage, jusqu'à quelques heures avant le départ, où, à bout d'angoisse et à la dernière limite de la procrastination (l'un va avec l'autre, je procrastine TOUJOURS quand un truc m'angoisse) je me lançais dans un rallye-valise aussi éprouvant qu' hasardeux.

Cette fois-ci, j'ai appliqué une nouvelle méthode.

En fait, j'avais mis au point une première amélioration en mettant en place une liste à étoffer au fil des jours avant le départ.

Problème:
- le papier n'est jamais à portée de main lorsqu'une fulgurance survient (et 3 listes au lieu d'une, ça ne fait que compliquer la tâche)
- difficile de composer des tenues sur papier ...

Bref, la méthode de la liste s'est tout juste avérée bonne à bétonner l'essentiel (plutôt une check-list en fait) puisqu'au final, c'est toujours les trucs de base qui finissent par s'y trouver.

Cette fois-ci j'ai improvisé et testé la méthode "du carton" (de mon cru) !

Une semaine avant le départ, j'ai posé un carton dans un coin, et au fur et à mesure j'y mettais ce dont j'aurais besoin, mais aussi et surtout ce que j'avais envie de prendre. Vêtement ou accessoire, essentiel ou dispensable, encombrant ou pas.

Deux jours avant le départ, j'avais rassemblé sans douleur (et plutôt avec une certaine satisfaction mêlée d'excitation) la totalité de ma valise idéale. L'intérêt de ne pas faire ce premier "paquetage" directement dans la valise, c'est de ne pas être tentée de se dire que la valise est prête et ne toucher à rien. Car à ce stade, seule la moitié du travail est faite.

Ce qu'il faut maintenant, c'est dégrossir en :
- composant des tenues : virer ce qui est de trop ou fait double emploi, ajuster en ajoutant les bons accessoires qui complèteront le tout
- estimant facilement l'encombrement total, pour mieux évaluer la marge restante, ou au contraire le besoin en délestage

Et ça, c'est plutôt rigolo.

De fait, pour la première fois, j'ai fait une valise presque facilement et sans douleur.

En fait, ce qu'il me faut pour être efficace, c'est dédramatiser et concrétiser [j'entends par là passer du projet (affolant) à sa réalisation (pas si sorcière au final)]. J'imagine qu'un paquet d'entre nous sommes victimes du même mal: la peur de mal faire qui annihile toute possibilité d'agir en rendant tout pénible voire douloureux, tellement le doute et la peur de l'échec rendent le travail laborieux (je fais partie de ceux qui peuvent réellement citer le perfectionnisme parmi leurs plus gros défauts !)

Et cette élaboration progressive et "projective" a très bien fait ce travail de dédramatisation et de concrétisation. Les questions (parfois insolubles) n'ont pas forcément trouvé de réponse (Est-ce que je dois prendre des trucs chauds ? Est-ce qu'il va pleuvoir ?) mais tout est rationalisé et réfléchi dans le calme.

Maintenant, il ne me reste plus qu'à mettre ma valise à l'épreuve ...

Et pour vous ça se passe comment ? Vous avez des trucs ?